Lors d’un dernier article je disais que j’étais « fière de nous » et que je comprenais mieux Mister A. En fait, entre temps, j’ai reperdu le monde d’emploi de notre loulou ! En prenant du recul, c’est logique car ce qui marche un jour, ne marche pas toujours. Même s’il y a des petites régressions, qu’il faut accepter le temps que l’orage passe, Mister A grandit et change. J’ai l’impression qu’au niveau de son développement psycho émotionnel (oui ça fait très psy de dire ça) il y a eu un cap de passé juste après ses 4 ans. J’ai l’impression qu’on a franchi le pic du « terrible two » (cette petite adolescence entre 2 et 4 ans). Ce que je suis contente de ne plus autant mettre d’énergie au quotidien dans la construction de cette relation! Honnêtement il n’y avait pas le choix mais on a beaucoup donné sur le sujet. Cet été on a revu une psychologue pour enfants car il y a eu quelques expériences de journées complètement affreuses qui font gentiment « sauter les plombs », « exploser la cocotte minute ». Ca nous a redonné des pistes pour que Mister A et nous évoluions plus sereinement.
J’ai compris à travers les difficultés qu’on a traversées ce qu’était en soi, dans ma chair (ou mon cœur), l’amour inconditionnel. Je le résumerais par cette phrase trouvée dans un livre enfant « Quand je te regardes et que tu me regardes, je me demandes quelle personne merveilleuse tu seras. Tu deviendras la personne que tu voudras et je t’aimerais toi, qui que tu sois ». Mister A avec ses fameuses antennes qui vont chercher dans les failles de ses parents m’a fait le cadeau de me faire évoluer avec lui depuis ses 22 mois.Il m’a fait découvrir des tomes entiers de réflexions autours des émotions et de la colère. D’ailleurs, on a une bibliothèque très fournies de livres jeunesse autours de ces sujets.
Pour Mister A, nous faisons attention à garder des rythmes et des rituels (heure de repas, routines sous forme de pictogrammes pour avoir un support visuel quand répéter ne sert à rien faute d’attention). Nous étions bohèmes, nous avions un enfant qui a 18 mois se réveillait en souriant à minuit lors de nos vacances au ski pour une balade du chalet de nos amis vers le nôtre, ca c’est complètement fini. Maintenant, les changements d’habitude peuvent le déséquilibrer. En ce sens, le temps de prendre nos marques, le mois de septembre a été éprouvant entre les exigences ou résolutions que l’on se met avec la nouvelle rentrée et le changement de rythme. Au retour de la garderie périscolaire, nous avions un enfant fatigué (par moins de temps de sieste), un peu affamé (il ne mangeait pas à la cantine), excité de sa journée ; c’était le cocktail parfait pour avoir du mal à supporter les frustrations et partir en colère (ou pleurs de déchargement). Alors on a trouvé des astuces pour nous adapter à lui. Les principes de repas équilibrés ou de ne pas manger entre les repas, on les a mis sous le tapis. Ce n’est pas un combat éducatif qu’on a choisi pour l’instant. Notre enfant a faim à 18h alors c’est très simple, pour qu’il passe à autre chose, que l’un de ses besoins essentiels soit rempli et qu’on vive dans un climat agréable, il mange (un pitch, un gâteau, du Wasa avec du Kiri, une compote, on s’en fiche il mange). Ensuite on ne tarde pas à faire des repas ensemble assez tôt (avec une super appli de programmation de repas sur mon téléphone, qui m’a changé la vie, a baissé ma charge mentale) et s’il ne tient pas ,il mange avant. La faim chez Mister A c’est terrible, c’est ce qui le fait dégoupiller émotionnellement. Encore très récemment il n’arrivait pas à l’exprimer et face à un enfant complètement en crise, je passais à côté de la faim, pensant qu’il avait mal ou froid ou ne voulait pas marcher …. Bref, il a faim, il mange.
A l’école, on nous a dit qu’il n’avalait rien (on le pressentait, mais l’année dernière les retours n’étaient pas dans ce sens). Dès qu’on l’a su, en octobre, on a tenté de prendre les choses en main en le préparant mentalement au menu du lendemain. Chaque soir, on a listé ce qu’il allait manger (parce qu’il aimait), ce qu’il pouvait gouter (pour faire un effort) et ce dont il pouvait éventuellement s’abstenir. On s’est mis en position de coach alimentaire. Résultat, à la veille de ces vacances de Noël, il goutte un peu de tout, même ces drôles de pâtes un peu comme des légumes (appelés salsifis). Les ATSEM nous ont indiqué qu’il faisait des efforts. Il a une sensibilité (odorat, gout, texture) que nous n’avons pas mais il évolue. Il a même tenté le poisson (à l’oseille), mais il a eu un reflexe de dégout. On verra plus tard le chapitre produits de la mer. Pour le moment, à la maison, on s’éloigne d’un mètre de lui, non pas pour les gestes barrières mais parce que l’odeur du poisson semble vraiment gênante pour lui.
Niveau émotion et colère, nous avons toujours des chapitres de vie incluant cette thématique. Cependant, les colères sont moins fortes, moins longues et grand changement, Mister A arrive parfois à les tempérer. On était à une crise par jour en moyenne depuis ses 2 ans. Pas juste « mon enfant me tape une fois », non, des sacrées crises. Aujourd’hui, on est à une crise par semaine. Le jour où je suis toute seule avec lui, mon mercredi de repos, est le moment idéal pour évoluer l’un et l’autre sur le sujet. C’est le jour culminant des « colères » et tentatives de régulation des émotions. Ma patience, mon empathie versus ma colère et mes émotions sont mises à rude épreuve. Face à une crise, j’essaie des choses pour tenter de comprendre ce qu’il vit, lui proposer des alternatives et puis à un moment, je perds patience et je crie parce que j’en ai marre moi aussi. Je ne me dis plus « mais pourquoi je suis là pour subir ça , c’est tellement désagréable », il a passé un cap, je le vois, ses progrès (et les miens un peu) sont notables. Y’a eu un déclic de sa part. Un mercredi, il s’est réveillé de la sieste et deux minutes après, il hurlait, il a tapé dans les portes, jeté des affaires .Quarante-cinq minutes d’enfant en rage que je n’arrivais pas à décoder car aucun mot ne sortait de sa bouche. C’était le tsunami émotionnel dans sa tête. Bref, à un moment il a dit « dessin animé ». Je lui avais expliqué avant qu’il se couche, que le mercredi soir, selon le déroulé de la journée, on verrait pour un dessin animé. Au réveil de la sieste, il pensait donc que c’était le moment et comme ça n’arrivait pas, il est monté dans les tours. Une fois les mots sortis, j’ai compris quel était le souci et j’ai reparlé : « Je t’avais dit que le dessin animé c’était ce soir. C’est pas encore le soir là. Le soir c’est quand la nuit tombera ». 5 minutes après cet échange, j’ai eu un petit qui est revenu vers moi en réclamant un câlin (et là c’est gagné, la tempête est passée, il demande à être apaisé) avec ces mots : « Mais maman, je savais pas moi que le soir c’est quand il faisait nuit ». Voilà, c’était la première colère qu’il a pu traverser par lui-même. Une première victoire à son actif, le début d’une évolution. Depuis, on a acheté des petits livres d’Isabelle Fillozat sur les colères qui illustrent notamment comment faire pour que la frustration soit moins difficile à vivre en proposant des alternatives.
Petit à petit à force d’en parler, lire et surtout essayer, s’entrainer, je crois que ça rentre dans les reflexes de notre petit loup. Hier, il a juste tapé des pieds de frustration parce qu’une activité s’arrêtait. J’ai trouvé ça super et en plus je suis restée totalement impassible me disant, allez hop maximum 45 minutes à l’entendre et moi je reste zen. En moins de 10 minutes, c’était plié et il s’est ré installé à côté de moi.
Le point noir qui reste c’est la propreté. Hier sur j’ai entendu que des enfants n’étaient pas prêts que ce soit physiquement ou psychologiquement avant 4 ou 5 ans et que c’était pas grave alors, on va continuer à garder du lest. Mister A est propre seulement la commission c’est dans une couche et debout. Le pot il y a un an a fonctionné un mois mais aux vacances de Noël, nous n’avions pas emmené Son pot à notre destination. Résultat des courses, il s’est bloqué, ça a duré un mois avec des massages, de la kiné , des médicaments et pour finir un lavement et depuis on pense qu’il a peur. On essaie mais il n’a aucune envie, il a peur d’avoir mal et même s’il n’y a jamais eu d’accident et qu’il attend, on aurait envie de passer à autre chose. On a un pot qui fait des supers chansons, parle en 4 langues mais il est devenu trop petit. On tente de trouver des étapes intermédiaires, faire popo dans la couche mais en position accroupie (après l’échec de faire dans la couche sur les toilettes), c’est un sacré parcours. Pour le moment on n’a pas trouvé la clef à ce problème. Lors des vacances de Toussaint on a passé quelques demies heures en lisant des histoires, encourageant, ça a marché une fois, deux, mais ensuite c’est compliqué donc ça aussi on verra plus tard. Par contre si vous avez des idées nous sommes preneurs (les gommettes de réussite, la récompense ou la menace, on n’a pas essayer. La frustration de l’échec en plus récurrent, le petit gars n’aime pas, ça le bloque ou le déçoit de lui-même).
Alors que cet été, médecin et psychologue évoquaient peut être un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou pas hyperactivité) en nous disant qu’au regard de son âge, il fallait se laisser le temps de l’évaluation, un diagnostic pouvant se faire qu’à partir de 6 ans, on semble s’éloigner du tableau clinique. Mister A grandit plus sereinement. Il reste dynamique, bouge, a besoin de se dépenser physiquement mais il arrive à se concentrer, jouer seul plusieurs dizaines de minutes. Il nous écoute quand on lui parle, retient des petites poésies où écoute des histoires contées. Il est rock and roll au niveau de son caractère mais à l’école même si en début d’année il jouait de la air guitare électrique avec son copain, il apprend bien, il s’intéresse, il n’est plus en retrait et s’amuse bien avec les autres enfants, il est totalement intégré. Cet attachement parents enfant, si important, au début ambivalent résistant, semble être plus sécure. C’est super intéressant d’assister et contribuer à ce qu’il est et deviendra. Je suis sûre que nous avons tissé ce lien de confiance, amour, complicité quand il me fait des câlins tout doux et dit « Maman je t’aime plus loin que les nuages ».