Hier on a eu la fête de l’école. J’ai posé mon après midi pour assister à ce petit moment pour mon bonhomme. J’ai rattrapé le raté quand mon mari m’a dit le matin : « ils étaient tous déguisés. Il avait juste son pantalon rouge, son tee shirt de père Noël, les autres avaient des bonnets. Il n’était pas content ce matin ». Ni une ni deux j’ai fait les boutiques. Je suis revenue avec le serre tête renne à guirlande clignotante (oui c’est vrai), des lunettes Rennes (dorées avec un nez rouge) et le fameux bonnet du Père Noël.
Les parents se sont installés, les enfants sont arrivés ensuite devant nous, sur des estrades, les grands, les moyens et les petits de la maternelle.
Il regardait ses pieds, il n’était pas bien. La maîtresse que nous avons rencontrée il y a quelques semaines nous a dit qu’elle n’avait pas entendu le son de sa voix, qu’il ne se mélangeait pas aux autres enfants durant les temps de classe. Je n’ai plus été étonnée, j’ai compris, il avait peur. Peur du monde, 80 enfants et leurs parents, le tout exité, content, bruyant.
En me voyant il a voulu venir me voir mais ce n’était pas possible. Il s’est mis à pleurer. Il avait besoin d’être rassuré. C’est bon, ça je l’ai maintenant décodé. Je n’allais pas faire la mère de famille poule puis c’était compliqué pour un groupe donc je lui ai envoyé des bisous qui s’envolent, je lui ai parlé fort de façon apaisante,il pleurait et commençait à taper autours de lui. La maîtresse est allée l’installer auprès de son atsem, ça a déjà été beaucoup mieux. Il était dans le groupe des enfants à rassurer. Il a pleuré et a regardé dans le vide durant les 20 minutes de représentation de la petite chorale.
Je l’ai récupéré dans un état de mal être. D’abord il s’est accroché à mon cou puis ensuite il s’est débattu quand nous avons essayé d’aller manger un bout avec les autres. Marche arrière, tentative de câlin, de contention, le tout en l’isolant vers un côté de la salle de jeux qui était quasi vidée. Il s’est débattu comme à son habitude je pourrais dire. Je me suis dit attention à mon dos avec ses 15 kg et son mètre dépassé pour ses presque 3 ans et demie, ça va être physique. Certains parents ont été étonnés de nous voir dans ce moment. D’autres ont compris qu’il avait besoin d’apaisement. La maîtresse vraiment douce, aidante, nous a proposé d’aller en classe et comme moi elle lui a parlé : « ça faisait beaucoup de monde pour toi, ça a été difficile c’était trop et je crois que tu as eu peur. Tu es avec ta maman dans la classe, tout va bien. Regardes, tu peux t’installer à la petite bibliothèque et vous pouvez lire un livre ». Il avait les yeux rougis, le nez réclamant l’aide de mouchoirs. Opération mouchage, câlin, mots d’apaisement. Il a commencé à se détendre, à parler car avant ce n’était que des gestes d’agressivité (les griffures, les petits poings) et des sons ressemblant à des grognements.
Une fois détendu on est ressorti. La fête était un peu finie et drame il n’y avait plus de gâteau. Il m’en parlait avant qu’il parte en pleurs donc cette fois c’était la frustration qui l’a remis en difficulté. J’ai eu droit à l’enfant qui se laisse tomber façon poids mort. On nous a trouvé des Délichocs et un Célébration. On est reparti au plus vite de ses capacités (15 minutes) pour changer d’univers et gérer la frustration. On s’est arrêté à la boulangerie pour ce que j’ai appelé une « chocolatine de Noël ». J’ai pris un café. On s’est attablé sur des tables hautes. C’est bon la crise ou les crises étaient passées.
Je n’avais pas pensé que ça allait se dérouler comme ça mais maintenant je crois que c’est bon, je le comprends, je ne prends pas ses réactions de façon personnelle. Il a fait des progrès mais il reste ce petit garçon insécure. J’ai compris, il a besoin d’un environnement qu’il connaît ou s’il ne le connaît pas pour le moment il est rassuré quand il a sa base d’attachement à ses côtés ( c’est nous ça). Celle sur laquelle il va se reposer ou exprimer ses sentiments. Quand notre petit garçon est insécure, il se débat de tout son corps. J’ai compris qu’il allait progresser et aussi régresser de façon plus ou moins importante et qu’on avait à le soutenir.
Je sais aussi que ce soir, en allant le chercher à la garderie, parce que j’arrive tard et qu’il n’y a plus trop de monde,il parle, il joue avec les autres enfants, il rigole, il s’amuse.
Il grandit, on grandit. Il apprend, on apprend.